Face à un contexte marqué à la fois par la quête permanente du développement et par l’agression rwandaise à l’Est du pays, il importe de trouver des réponses appropriées aux grands défis de développement de la République démocratique du Congo. C’est ce qu’a déclaré mercredi 19 mars à Kinshasa, le Vice-Premier ministre, ministre du Plan et de la Coordination de l’Aide au Développement, Guylain Nyembo. A l’ouverture du Forum de redynamisation des groupes thématiques sectoriels, lequel réunit des experts nationaux venus de plusieurs ministères du gouvernement central, de la Société civile et du secteur privé ainsi que ceux représentant les partenaires techniques et financiers de la RDC et les agences onusiennes.
Pendant trois jours, du 19 au 21 mars 2025, ces experts sont appelés à cogiter et conclure leurs analyses et réflexions « par la formulation des recommandations pertinentes, assorties des délais contraignants de mise en œuvre; et cela, dans la perspective d’une plus grande contribution des groupes thématiques sectoriels aux résultats du développement ». Le VPM Nyembo s’est déclaré pour cela convaincu de la qualité du travail qui sera abattu pendant ces trois jours, « au regard de l’expertise mobilisée ».

La recherche de l’efficacité de l’aide et du développement est une préoccupation de longue date, a indiqué le Vice-Premier ministre. « A ce jour, elle nécessite impérativement une concertation permanente entre le Gouvernement et ses Partenaires au développement », a-t-il poursuivi, non sans rappeler le texte administratif qui avait été institué (le Décret N°13/011 du 09 avril 2013) pour la prise en charge de cette préoccupation.
Accent sur l’approche Nexus
Dans son message, Guylain Nyembo a également rappelé que les groupes thématiques sectoriels (GTS) constituent un espace formel de concertation entre le gouvernement, les partenaires techniques et financiers, la Société civile et les institutions d’appui à la démocratie sur les politiques et stratégies de développement, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des programmes sectoriels ainsi que sur l’efficacité de l’aide au développement à travers notamment l’alignement aux priorités nationales et une meilleure division du travail entre les partenaires techniques et financiers.
Par ailleurs, à l’intention des experts, le Vice-Premier ministre a aussi mis un accent particulier sur l’approche Nexus encore appliqué en RDC dans trois provinces pilotes que sont le Kasaï, le Kasaï Central et le Tanganyika. « Le contexte de crise prolongée et des catastrophes naturelles dans certaines provinces de la République Démocratique du Congo requiert une collaboration renforcée entre les acteurs humanitaires, de développement et de paix (HDP) pour en assurer une prise en charge holistique satisfaisante », a-t-il lancé à cet effet, soulignant la nécessité de poursuivre et de promouvoir cette approche dans les autres provinces se trouvant dans une situation quasi similaire.
« Pour en assurer l’efficacité nécessaire, ce processus exige assurément un portage politique, un ancrage gouvernemental au
niveau central ainsi que la mise en place des mécanismes de collaboration avec les coordinations provinciales du Nexus », a prévenu toutefois la même autorité gouvernementale.
Du côté des partenaires techniques et financiers, la parole a été accordée à M. Eric Willemaers, ministre-conseiller et chef de la Coopération à l’ambassade de Belgique et co-président du Groupe de Coordination des Partenaires (GCP). Pour lui, ce forum était une étape importante « dans notre travail commun pour renforcer la coordination et cohérence de nos investissements dans la développement socio-économique de la République démocratique du Congo ».
« Il y a bien longtemps, les Groupes thématiques sectoriels ont été conçus pour assurer la cohérence des actions du gouvernement et des bailleurs, et pour les mettre chacun devant leurs responsabilités respectives. Ce dispositif a pour but ultime l’efficacité et l’effectivité des politiques gouvernementales et de l’aide publique au développement en RDC. Il est en effet indéniable que le gouvernement et ses différents partenaires techniques et financiers doivent agir de manière concertée pour atteindre les objectifs qu’ils se sont mutuellement fixés », a-t-il aussi fait savoir.
Diminution de l’aide publique au développement
Pour lui, il faut soutenir les efforts déjà en cours: l’’exécution des grands projets tracés dans le Programme d’Action du Gouvernement (2024- 2028), le Plan National Stratégique de Développement (2024-2028), et le Cadre de Coordination et d’Orientation de l’Aide au
Développement qui devra être réactivé.
Le Belge Eric Willemaers constate cependant que le contexte sécuritaire du pays (la RDC) et son extension, en plus de l’augmentation des besoins en termes de service, notamment de santé et d’éducation ou de sécurité alimentaire observés dans la plupart des provinces, coïncide malheureusement « avec une diminution de l’aide publique au au développement apportée par de nombreux bailleurs de ce pays. Pour certains, de manière spectaculaire et peut-être durable. »
Enorme potentiel de la RDC sous-exploité
« Devant cette conjonction de chocs internes et externes, il est plus que jamais impératif de mobiliser tous les moyens disponibles pour répondre de façon déterminée, et déterminante, aux multiples défis présentés par la nouvelle réalité à laquelle nous sommes tous confrontés », a laissé entendre l’expert international. Et pour lui, cela est faisable au regard de l’énorme potentiel de la RDC encore, notamment dans les secteurs aussi divers tels l’énergie, l’agriculture ou le tourisme. « Des politiques et investissements réels, cohérents et continus dans ces secteurs et d’autres permettront de diminuer la pauvreté, de donner des perspectives à la population, d’augmenter les ressources domestiques, et ainsi de diminuer la dépendance de la RDC aux ressources extérieures », a affirmé Eric Willemaers. Mais, à une condition s’est-il empressé d’ajouter.
« Cependant, ceci ne sera possible qu’en renforçant notre concertation constante et étroite. La relance des Groupes thématiques sectoriels, et la collaboration avec les Groupes inter bailleurs, doivent contribuer à instituer cette approche. »
Et l’expert belge d’insister: « Aujourd’hui plus que jamais, il importe d’adopter une démarche scrupuleusement tournée vers les résultats et l’impact pour la population. Cocher les cases des évènements et autres activités budgétivores, ou la simple création de structures sans action et impact réel, plutôt que d’atteindre des résultats concrets n’est plus une option dans le contexte actuel, pour les raisons que je viens d’évoquer et vu les principes même de nos partenariats. Notre vœux est donc que cette redynamisation des Groupes thématiques sectoriels, que nous sommes venus appuyer ici ce jour, contribue, plus largement, à redynamiser la coopération au développement en RDC, perturbée davantage par les récents événements. C’est précisément en ces circonstances qu’il est plus que jamais essentiel d’aider ce pays et sa population, frappée par les affres de la guerre et par une pauvreté sans relâche, à relever les épreuves auxquelles il doit désormais faire face. »
Parmi les groupes thématiques sectoriels concernés par les travaux, la coordination du ministère du Plan a ciblé, la police, la gouvernance politique, l’armée, la gouvernance administrative, locale et décentralisation, le climat des affaires, partenariat public-privé et promotion des investissements, agriculture, développement rural et dynamique communautaire.
GAF