L’héritage de Kitenge Yesu dans les oubliettes ?
L’Union sacrée de la nation (USN), comme plateforme politique électorale a vu le jour le mercredi 05 avril 2023, à Pullman Hôtel, dans la commune de la Gombe, à Kinshasa. C’était à l’occasion de l’adoption de sa Charte qui a fixé les objectifs communs à atteindre et circonscrit les termes de son fonctionnement.
L’engouement, ce jour du 05 avril, était au rendez-vous et a rappelé, comme en 2018, l’effervescence qui avait caractérisé la création du FCC, Front commun pour le Congo (pro-Kabila) dont beaucoup de membres, même parmi les plus zélés, se retrouvent, avec la même ferveur, dans cette mégastructure. La politique est dynamique, dit-on.
Rien à redire sur les objectifs, notamment la réélection à la magistrature suprême du président Félix Antoine Tshisekedi et l’accompagnement de sa vision ainsi que de son action.
Cependant, on ne peut ne pas se poser un des tas de questions sur les structures mises en place et leurs animateurs au sein de l’Union sacrée de la nation ainsi que sur les motivations profondes des acteurs. Parmi ces structures, il y a le Présidium, un organe composé de six animateurs : Jean-Pierre Bemba (MLC), Vital Kamerhe (UNC), Christophe Mboso (CRD), Modeste Bahati (AFDC), Jean-Michel Sama Lukonde (ACO) et Augustin Kabuya (UDPS, parti présidentiel).
Dossier 100 jours
Six animateurs. Il ne manque qu’une unité pour que ce Présidium nous remémore les 7 patrons de Langa Langa Stars des années 80, pour les mélomanes, ou, plus proche de nous, l’aventure de Genève de la candidature commune de l’opposition autour de 7 leaders.
Si on ne peut douter que les six vont tous contribuer, chacun avec son électorat à la reconduction du président Tshisekedi, on ne peut pas s’empêcher de s’interroger sur la volonté politique réelle, des uns et des autres à soutenir, dans la durée et dans les actes, la vision du Chef de l’Etat et le projet de société de l’UDPS, son parti. Les plaies du dossier 100 jours ne se sont pas encore totalement cicatrisées dans l’opinion même si la Justice a parlé.
Autre interrogation : pourquoi la Convention des Républicains, CR, plateforme léguée par feu Kitenge Yezu et dont l’autorité morale actuelle est le respectable patriarche Jonas Mukamba Kadiata Nzemba, ne se trouve pas dans le Présidium de l’USN ? Or, en réalité, la CR est l’alliée naturelle et même inconditionnelle du président Félix Tshisekedi. Contre vents et marrées, cette plateforme l’a accompagné et soutenu même dans les moments les plus difficiles qui ont précédé et suivi le décès du président du Rassemblement, le très regretté Etienne Tshisekedi.
Les héritiers de Kitenge Yezu des laissés-pour compte ?
C’est d’ailleurs à ce titre que dès sa prise des fonctions, le président Félix Tshisekedi a confié au patriarche Kitenge Yezu le prestigieux et stratégique poste de Haut-Représentant et Envoyé spécial du Chef de l’Etat.
Sous ses orientations et avec l’appui avec l’appui de l’expertise de la CR, sa plateforme, Kitenge Yezu était dans les premiers rôles dans la laborieuse mise en place de la structure gouvernementale FCC-CACH.
Et pour la suite, l’Autorité de la CR a été l’un des architectes de cette Union sacrée. Alors, comment ne pas s’étonner que son successeur, une personnalité de la trempe du patriarche Jonas Mukamba qui a toutes les manettes de fédérateur, se retrouve dans ce forum de l’USN comme un anonyme membre adhérant pour le compte de son parti.
Un baobab
Plusieurs acteurs politiques qui se sont retrouvés à Pullman Hôtel le jour de l’adoption de la Charte de l’Union sacrée rencontrés dans les couloirs ont estimé que l’ancien gouverneur de l’Equateur sous Mobutu devrait avoir une place au sein du Présidium. Une présence active de ce baobab serait énormément bénéfique pour le président et son parti et même pour le fonctionnement harmonieux de la structure elle-même, ont confié certains d’entre eux.
Mais, au-delà de l’existence de l’USN et de ses animateurs, ce que maints observateurs craignent, c’est que la configuration de cette plateforme soit la préfiguration du prochain mandat du président Félix Tshisekedi. Il serait regrettable que demain encore, le Chef de l’Etat et son parti, UDPS soient contraints à recourir des alliances contre nature ou opportunistes parce qu’ils n’auront pas été capables d’engranger une majorité significative-maison. Comme c’est le cas sous ce mandat.
C’est le piège à éviter.
Gaf