Goma : où sont donc passés les FDLR?

(Par Bienvenu-Marie Bakumanya)

Les derniers événements sanglants survenus dans l’Est de la République Démocratique du Congo confinent de plus en plus au paradoxe. Comme en 1998 avec le RCD, en 2004 avec Jules Mutebusi, en 2009 avec le CNDP, en 2012 avec le M23, Le mythe de la libération a de nouveau surgi, avant de voler violemment en éclats, débouchant sur un carnage inouï.

En attendant que la communauté internationale sorte un jour de son silence hypocrite et aligne les chiffres de son décompte macabre, l’effrayant lexique en cours décline, selon Ocha, des milliers des morts et près de 3.000 blessés, sans compter ceux qui gisent dans le froid des morgues, pour n’offrir à ce stade que la terrible « consolation » du qualificatif de crimes contre l’humanité.

Le paradoxe, justement, réside tristement dans le fait que la « libération » proposée par le Rwanda et son supplétif du M23 se conjugue en termes des milliers d’hommes, de femmes et de jeunes fauchés à l’arme lourde et légère, de viols, de pillages de magasins et d’habitations, de destruction et d’exportation violentes de véhicules d’administrations, d’ONG et de particuliers.

Alors que se confirme tragiquement la théorie du pillage et de l’extermination des Congolais comme idéologie officielle du régime rwandais sur les terres congolaises, aucun bilan disponible n’a incroyablement pas permis à ce jour d’identifier et de dénombrer les éléments FDLR neutralisés, pour justifier à la fois la rhétorique et le prétexte à la croisade sanglante du régime de Kigali en RD Congo.

La chasse aux FDLR n’a donc jamais été qu’un faux-fuyant à juste titre dénoncé par les experts des Nations Unies, les ONG, les humanitaires et les hommes de bonne volonté. L’hypocrisie de la communauté internationale fera encore et toujours le reste : on tue, on massacre, on viole et on pousse les populations à se déplacer de leurs sites naturels avec d’autant plus d’empressement que c’est sur les mêmes terres que le « libérateur » présumé récolte les minerais de la transition énergétique et de l’industrie du futur.

Du coup, le calcul veut que quelques milliers de Congolais effacés de la surface de la terre dans l’intérêt malsain des « maitres du monde » ne valent même pas le moindre détour, ni par les valeurs démocratiques, ni par les principes humanistes sensés fonder la civilisation occidentale tant vantée.

Encore un enseignement par le sang à l’intention et à l’attention des Africains. En attendant, aucun FDLR n’a, à ce stade, été découvert à Goma où, une fois de trop, des milliers de Congolais sont morts pour rien. Difficile de croire que le maître de Kigali sortira indemne de cette nouvelle épreuve sanglante qu’il a inaugurée.

Autre paradoxe, la terrible leçon que le peuple congolais n’a pas fini, depuis les événements sanglants de Goma, d’administrer aux observateurs. La communauté internationale comme son mousquetaire de Kigali ont ainsi compté la résilience et la résistance du peuple congolais. Plus les grandes puissances brandissent  l’hypocrisie comme nouveau paradigme de la civilisation, plus l’ange de la mort du nom de Kagame agite l’épée et la kalachnikov pour nettoyer et soumettre la RDC par le sang, plus des millions de Congolais clament leur amour du pays et claironnent leur volonté de mourir pour la patrie par des marches, des manifestations de rue, une mobilisation sans précédent d’une jeunesse déterminée à s’inscrire sous le drapeau pour combattre l’ennemi. Un ennemi qui n’a pas oublié les images de 1998 quand la population de Kinshasa, notamment, avait choisi de dire non, à mains nues, aux prétendus « libérateurs ».

Ces images sont d’autant plus porteuses d’enseignement que les Congolais voient plusieurs villes africaines se mobiliser et la diaspora battre le pavé de différents métropoles occidentales pour dire à la communauté internationale à quel point elle en a assez de l’hypocrisie des maîtres du monde et du double standard dans la mise en œuvre des principes qui fondent les relations entre nations.

Paul Kagame sait désormais ce que les peuples du monde pensent de lui, de son pays et de tous ceux qui le soutiennent et lui ressemblent.

Tiré de l’ACP/Photo radiookapi.net

 

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