(Par Stefano Leszczynski – Cité du Vatican)
Les rebelles congolais anti-gouvernementaux du mouvement M23 ont convoqué leur premier congrès public au stade de l’Unité à Goma ce jeudi. La capitale du Nord-Kivu est désormais sous leur contrôle total après les combats sanglants de la semaine dernière, qui ont fait près de trois mille morts selon des sources de l’ONU. Alors que la population de Goma se presse aujourd’hui aux entrées du stade de la ville pour écouter les proclamations des dirigeants du M23, les miliciens- qui reçoivent un soutien officieux du Rwanda voisin- ont lancé une nouvelle offensive pour conquérir le Sud-Kivu. Partout, l’armée régulière congolaise est en déroute et la résistance pour arrêter l’avancée du M23 vers Bukavu s’affaiblit.
Lueurs diplomatiques
Face à cette situation de chaos, la communauté internationale et les deux pays médiateurs- l’Angola et le Kenya- tentent de rouvrir la voie des négociations pour éviter que la crise actuelle ne s’étende au niveau régional. Une réunion extraordinaire de la Communauté des États d’Afrique de l’Est et de la Communauté de développement de l’Afrique australe est prévue à Dar es Salaam samedi 8 février. Dans ce contexte, la rencontre entre le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, et son homologue rwandais, Paul Kagame, devrait avoir lieu. Le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies se réunira également demain pour discuter de la crise actuelle, tandis que la Cour pénale internationale a ouvert une enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité sur la base d’allégations de massacres et de viols massifs.
L’urgence humanitaire
Monica Corna, représentante des Volontaires internationaux pour le développement (VIS) en République démocratique du Congo, jointe par téléphone à Goma, a confirmé aux médias du Vatican la situation humanitaire dramatique dans toute la région du Nord-Kivu. «Depuis une semaine, a-t-elle dit, Goma est sans électricité, sans eau et sans contact avec le monde extérieur, car tous les canaux de communication, à l’exception de la téléphonie par Internet, sont coupés. C’est une situation qui génère la peur et l’incertitude car personne n’a de nouvelles des membres de sa famille, de ses connaissances ou de ses collaborateurs».
Le drame des déplacés
L’offensive du M23 a encore augmenté le nombre de déplacés fuyant les combats. «Tous ceux qui se trouvaient dans les camps informels ont reçu l’ordre d’évacuer et de retourner dans leurs villages, dont la plupart n’existent même plus», explique Monica Corna. Un ordre qui a ajouté du chaos et de la peur à la situation. «Beaucoup ont trouvé refuge chez des amis et des connaissances, mais certains s’entêtent à vouloir retourner dans les camps dont ils ont été chassés et où les conditions sanitaires sont extrêmes.»
Massacres et viols
Les rapports de massacres et de brutalités sont incessants dans toute la région du Nord-Kivu et particulièrement dans la ville de Goma, mais ils sont difficilement vérifiables et la propagande des partis en lutte pour le pouvoir vise à alimenter le climat d’exaspération et de haine parmi les habitants. «À Goma, poursuit Monica Corna, la situation est particulièrement difficile à cause des pillages et de la violence généralisée. Même les entrepôts de médicaments et de matériel médical qui approvisionnaient les hôpitaux ont été pris d’assaut, non seulement par des miliciens et des bandes criminelles, mais par les habitants de la ville eux-mêmes, qui sont désespérés. La situation est très grave».
Ne nous oubliez pas
Les quelques membres des organisations humanitaires restés dans la ville n’ont ni les moyens ni les outils pour pouvoir intervenir efficacement, même si certaines structures comme le centre Don Bosco N’gangi continuent d’essayer de venir en aide aux enfants et aux personnes âgées notamment. «Il y en a plusieurs centaines qui ont besoin de tout – conclut la représentante du VIS – En ce moment, il est important que vous ne nous oubliez pas. En Italie, on ne peut même pas imaginer la réalité que vivent ces personnes, ces enfants, ces frères, ces sœurs, ces enfants».
Tiré de Vatican News