RDC: plusieurs partis politiques congolais sous la coupe de Kigali depuis près de 30 ans, selon un ancien proche de Kagame

Il s’appelle Faustin Kayumba Nyamwasa. Ancien général rwandais et ancien proche du régime Kagame, il vit en exil en Afrique du Sud après être entré en dissidence contre le maître de Kigali depuis 2010. Dans une récente déclaration publique, l’ex-officier supérieur de l’armée rwandaise explique quelle stratégie Paul Kagame a mise en place pour faire main basse sur les richesses minières de la RDC, principalement l’or, le coltan et le diamant. Et cela depuis près de 30 ans. Cette stratégie repose, dit-il, sur un réseau complexe d’alliances politiques et militaires tissé à l’intérieur même du pays avec des acteurs congolais. 
Le général en exil affirme ce que tout le monde sait et que les autorités congolaises ne cessent d’expliquer à la communauté internationale: Kigali mène en RDC une guerre à la fois expansionniste et économique. Une guerre qui lui permet, explique Faustin Kayumba, de contrôler l’extraction et l’exportation des ressources naturelles congolaises, « souvent sous le couvert d’accords de coopération ». Ce qui donne au Rwanda une position dominante dans la région et lui génère des profits économiques colossaux.
Dans sa déclaration, l’ancien proche de Paul Kagame révèle que ce dernier bénéficie, dans sa macabre entreprise, de la complicité de certains acteurs politiques congolais qui reçoivent en retour des faveurs financières et politiques.
Ainsi, selon Nyamwasa, depuis près de 30 ans, plusieurs dirigeants congolais sont connectés à Kigali au détriment de l’intérêt supérieur de leur pays et au profit de leurs propres intérêts. Et chaque année, la RDC perd alors des milliards de dollars en ressources minières au profit du Rwanda et des acteurs internationaux. Pour l’ex-général RDF, l’exacerbation de l’injustice sociale et l’extrême pauvreté dans un pays si riche qu’est la RDC sont le fait de cette situation.  
Ceux qui ont fait tomber les masques
L’affirmation du Rwandais Kayumba faisant état de la connexion de plusieurs acteurs politiques congolais avec le régime de Kigali vient conforter une certaine opinion qui soupçonne depuis toujours l’existence, dans nos institutions congolaises, des relais internes de ce régime. En dehors des plusieurs infiltrés rwandais dans l’appareil administratif de la RDC issus notamment de différents brassages et mixages nés de différents accords signés avec des groupes armés de son obédience, Paul Kagame a bénéficié et bénéficie encore d’un précieux appui des Congolais de souche. Y compris ceux dits « de père et de mère ». Certains ont fini par faire tomber les masques pour agir au grand jour. Cas de Corneille Nangaa aujourd’hui à la tête d’une faction alliée au M23.  Sans doute que le flirt de ce nouveau seigneur de guerre date de la période où il dirigeait la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et, peut-être, même bien avant. Cas aussi, certainement, de Franck Diongo qui affiche sa présence à Kigali après s’être volontairement placé dans une situation d’exilé politique.
Bien évidemment, en dehors de ceux qui s’affichent, la classe politique de ces trente dernières années compte d’autres « clients politiques » à la solde de Kagame. Beaucoup se rendent à Kigali nuitamment ou sur la pointe de pieds et en rasant le mur. Ils se recrutent sûrement parmi ceux qui n’osent jamais citer le Rwanda ou nommer Paul Kagame comme agresseur de la RDC. Des leaders de la Société civile dont certains sont emblématiques allongeraient la liste.
Une prise de conscience collective
L’instabilité chronique observée pendant toute cette période, notamment à l’Est de la RDC, où les conflits armés profitent aux exploitants illégaux des ressources, des millions de Congolais qui vivent dans des conditions précaires et sont contraints aux déplacements massifs, des millions de morts, les difficultés pour la RDC à garantir la stabilité et la souveraineté sur son territoire, sont autant des effets néfastes de la volonté qu’affiche Paul Kagame de continuer sa mainmise sur les ressources naturelles du Congo démocratique. Alors, face à cette situation, Faustin Kayumba Nyamwasa appelle les Congolais à une prise de conscience collective. Soutenir des mouvements tels que le M23 c’est contribuer à la destruction de son pays, met-il en garde. D’où insiste-t-il sur la nécessité pour les Congolais de récupérer la souveraineté sur les ressources naturelles de leur pays en vue de mettre fin à cette exploitation.
L’avenir du peuple congolais, un avenir prospère, passe par l’arrêt de cette exploitation, fait encore savoir l’ex-officier supérieur rwandais. Et pour cela, il faut absolument que les Congolais prennent conscience des vrais enjeux de la crise sécuritaire et humanitaire en cours depuis plus de 30 ans. 
S’adressant aux évêques catholiques et protestants venus lui proposer de leur propre initiative un plan de sortie de crise, le président Félix Tshisekedi a insisté à son tour sur la cohésion nationale et l’entendement qui devrait être le même des enjeux de la guerre qu’impose le Rwanda au pays depuis trois décennies déjà.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You May Have Missed!