FDLR : le piège va se refermer sur Kagame

La percutante démonstration du Vice-Premier ministre Christophe Lutundula

« La délégation de la RDC s’est engagée à présenter un Plan de neutralisation des FDLR, accompagné d’un programme d’action qui sera présenté lors de la prochaine réunion ministérielle. ».

Ce paragraphe du compte rendu de la réunion ministérielle RDC-Rwanda  sur la situation de sécurité et de paix dans l’Est de la République démocratique du Congo qui s’est tenue la semaine dernière à Luanda, en Angola, le 21 mars 2024 a soulevé un tollé général dans une certaine opinion congolaise. Laquelle opinion estime que le gouvernement congolais est tombé dans le piège de Kigali qui a toujours justifié son agression contre la RDC par la présence des FDLR au Congo et leur collaboration avec l’armée congolaise.

La désapprobation a été d’autant vive que pour cette opinion congolaise, contrairement à la RDC, le Rwanda n’a apparemment pris aucun engagement clair et ferme, se contentant dans le paragraphe suivant de s’engager « à revoir les mesures et le dispositif pris pour assurer sa défense et sa sécurité. »

Au cours du dernier briefing de presse organisé dans le cadre de la politique de redevabilité initiée par le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, le Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a remis les pendules à l’heure et dit aux Congolais qu’il n’y avait pas lieu de s’affoler outre-mesure.

A malin, malin et demi.

Pour le patron de la diplomatie congolaise, en prenant cet engagement sur les FDLR, la RDC prend au mot le Rwanda et veut aller jusqu’au bout jusqu’à mettre Kagame et son régime dos au mur.

Puisque l’alibi principal du Rwanda porte sur la présence et le danger que représenteraient les FDLR, pourquoi ne pas renvoyer la balle au Rwanda ?

« Qu’est-ce que ça nous ferait, nous les Congolais, que, si il appert qu’il y a des FDLR à tel endroit, on puisse en finir avec les FDLR », s’est interrogé Christophe Lutundula. Et de rappeler que le déploiement de la force de l’EAC avait pour objectif notamment d’éradiquer les FDLR. Pourtant, sur le terrain, cette force s’est focalisée sur le M23. Pourquoi a-t-on oublié les FDLR ?

Par ailleurs, le VPM Lutundula a rappelé aussi les différentes opérations menées depuis 2009 jusqu’à ce jour pour la neutralisation ou le rapatriement, avec l’implication du HCR,  de ces FDLR. Il y a eu, entre autres opérations :

-Umodja Wetu : du 20 janvier au 25 février 2009, 153 combattants FDLR neutralisés, 123 FDLR rapatriés et 5 000 volontaires au désarmement

-Kimia II et Amani Leo : mars 2009-2012, 1 210 combattants FDLR tués, 342 FDLR rapatriés, 194 à Kisangani, 82 de Kanyabayonga et 66 de Walungu.

-Autres Opérations : janvier 2015 à décembre 2018, 1 016 combattants FDLR tués, 471 combattants dont 8 cadres FDLR rapatriés d’Angenga.

Si le Rwanda s’accroche à l’alibi des FDLR, il croit jouer au malin. Il faut donc, estime Christophe Lutundula, s’engager sur ce terrain-là pour l’acculer. A malin, malin et demi, donc.

FDLR, des citoyens rwandais

Ainsi, la première question que le gouvernement congolais est en droit de poser dans le cadre du Plan et du programme pour lesquels il a pris l’engagement à Luanda, est savoir : de quels FDLR s’agit-il (leur identité, leur nombre et éventuellement leurs leaders), et où se trouvent-ils ? L’étape logique suivante, serait alors, a expliqué Lutundula, de procéder à leur rapatriement. Parce que, a-t-il encore rappelé, le communiqué de Nairobi d’avril 2021 signé aussi par le Rwanda, impose à chaque Etat qui a des groupes armés en RDC de mettre en place le mécanisme d’offre de paix  en vue de leur rapatriement. « Nous, nous l’avons fait. Est-ce que le Rwanda l’a fait ?», s’est interrogé Christophe Lutundula.

Donc, dans le Plan que la RDC va proposer, le gouvernement rwandais sera mis devant ses responsabilités et ne saura s’y échapper, puisque les FDLR sont des citoyens rwandais qui devront rentrer dans leur pays. A défaut, l’alternative serait de leur trouver un autre territoire d’accueil,  conformément aux dispositions prévues par les règles internationales, a laissé entendre le chef de la diplomatie congolaise.

Pas confiance aux Ruandais

Par ailleurs, selon le chef de la délégation congolaise à la réunion ministérielle de Luanda, le compte rendu de cette rencontre était un document de travail confidentiel destiné aux chefs d’Etat de la RDC et du Rwanda. Christophe Lutundula est convaincu que c’est la partie rwandaise qui doit l’avoir fuité et organisé sa mise en circulation dans les réseaux sociaux.  Preuve, si besoin en était encore, qu’on ne peut pas faire confiance aux Rwandais et qu’il appartiendrait au président angolais, médiateur de l’UA entre la RDC et le Rwanda, d’en tirer toutes les conséquences. « Ils ont vu que la balle leur a été envoyée et qu’ils vont être acculés », a-t-il conclu. « Si un Congolais est effarouché parce qu’on dit qu’il faut un plan et un programme pour mettre fin aux FDLR, il fait le jeu du président Kagame, parce que nous nous savons qu’il y a des FDLR fabriqués à Kigali », a-t-il laissé entendre.

Dans tous les cas, a souligné le Vice-Premier ministre, la position du  gouvernement congolais sur le fond de la crise sécuritaire et qui reste un préalable pour la suite des négociations, reste ferme et sans équivoque : le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais. « A prendre ou à laisser ».

Car, pour la RDC, a indiqué avec force Christophe Lutundula, en réalité, le M23 n’existe pas. La vérité, ce que c’est le Rwanda qui agresse la RDC. Et en conclusion, selon le VPM, si nous pouvons dire que le front diplomatique dans cette crise penche en faveur de la République démocratique du Congo, le front militaire et la mobilisation du peuple congolais derrière son gouvernement et son armée apporteront davantage un plus et davantage de gain dans le concert des nations, en Afrique et dans le monde.

Gaf

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