(Par HMK)
Les autorités congolaises devraient s’investir dans l’organisation d’un deuxième recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) après celui d’il y a quarante ans. Un appel du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), par la voix de son Représentant Résident en RDC, M. Mady Biaye, à l’occasion de la célébration, mardi 27 août 2024 à Kinshasa, de la Journée mondiale de la population (JMP). « J’en appelle au gouvernement de la RDC à construire un avenir résilient et équitable, en donnant la priorité à l’investissement dans l’organisation du deuxième RGPH du pays, en garantissant une collecte de données sûre et inclusive, en collaborant avec les communautés marginalisées, en exploitant la technologie de manière responsable et en soutenant le système statistique national », a souligné le haut-fonctionnaire international du système onusien en République démocratique du Congo.
Le thème essentiel sous lequel l’ONU a placé la célébration, cette année, de la Journée mondiale de la population, justifie l’appel du Représentant Résident d’UNFPA en RDC: «Exploiter le pouvoir des données inclusives pour un avenir résilient et équitable pour tous». « Ce thème appelle à réfléchir au rôle indispensable des données inclusives dans la construction d’un avenir résilient et juste pour tous. Dans un monde d’incertitude et de changement, notre chemin vers un avenir pacifique et prospère est éclairé par le pouvoir des solutions fondées sur des données probantes et l’utilisation stratégique de données fiables et inclusives », a expliqué M. Mady Biaye.
Concernant la République démocratique du Congo en cette matière, le patron d’UNFPA en RDC a déploré le retard accumulé par le pays dans la production des données complètes et actualisées par le biais du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) et d’autres exercices de production de données et d’analyse thématique. Ce qui, a-t-il laissé entendre, « a alourdi la mesure des progrès réalisés que des données obsolètes sont utilisées pour évaluer nos progrès vers l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD).
Un exercice à faire tous les dix ans
Pour M. Mady Biaye, le retard accumulé par la RDC en cette matière est « considérable! » Et de poursuivre: « Un RGPH est une opération statistique qui consiste à collecter des données démographiques, sociales et économiques sur l’ensemble de la population d’un pays, ainsi que sur les caractéristiques du logement. Il est généralement réalisé à intervalles réguliers, par exemple tous les 10 ans, et il implique des questionnaires administrés auprès des ménages. Le RGPH est la seule source de données permettant de fournir des informations géographiques fiables, complètes, actualisées et désagrégées, notamment sur l’âge, le sexe, le lieu de résidence, les conditions de vie, le logement et la taille de la population. Il reste l’unique source de données de population à l’échelle du pays et au niveau de désagrégation administrative le plus fin. Combiné à d’autres sources de données comme des enquêtes spécifiques intercensitaires telles l’enquête sur les revenus et les dépenses des ménages et l’enquête démographique et de santé, il permet de mieux renseigner sur d’autres thématiques de l’action politique comme la cartographie de la pauvreté et le ciblage des interventions et des ressources jusque dans les entités administratives les plus petites. »
Et donc, selon le Représentant Résident du Fonds des Nations unies pour la population en RDC, » un RGPH en temps opportun représente une opportunité cruciale pour l’émergence et le développement socioéconomique inclusif et durable d’un pays. Il fournira les données de base nécessaires pour suivre les progrès vers l’atteinte des ODD et pour formuler des politiques et programmes qui répondent aux divers besoins de la population. »
UNFPA toujours prêt
Ainsi, pour M. Mady Biaye, la production des données statiques sur la population et l’habitat doit être considérée comme une priorité à exécuter « en temps opportun et régulièrement, mais dans le respect des droits individuels ». Et l’UNFPA est prêt, tant au niveau global et national au sein du système des Nations Unies et en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes, a-t-il assuré, « à aider le Gouvernement de la RDC à exploiter le pouvoir des données inclusives pour construire des systèmes et des sociétés résilients. »
Pour sa part, le Vice-Premier ministre et ministre du Plan et de la Coordination de l’aide au développement, M. Guylain Nyembo qui a présidé la cérémonie de la célébration de la Journée mondiale de la population 2024, a reconnu le retard accumulé par la RDC dans le domaine du recensement général et de la production des données statistiques. Il a cependant rassuré aussi que le gouvernement congolais, sous l’instigation du président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, est déterminé à réaliser, « dans les meilleurs délais », le deuxième recensement de l’histoire du pays.
Il y a à noter également que l’UNFPA a profité de la célébration de la Journée mondiale de la population pour lancer au même moment le Rapport de l’état de la population mondiale 2024. Lancé à Abuja en avril 2024, ce document, a rappelé le Représentant Résident, « a démontré certains progrès dans la lutte contre les besoins non satisfaits en matière de planification familiale, la prévention des décès maternels et l’élimination de la violence basée sur le genre, y compris les pratiques néfastes telles que les mutilations génitales féminines et le mariage des enfants, précoce et forcé. »