L’image que présente l’UDPS/Tshisekedi à l’opinion étonne plus d’un pour un parti politique au pouvoir. Un pouvoir acquis après 37 ans d’un combat non violent, certes, mais dont le parcours a été jonché des morts, connus et anonymes, victimes de la répression aveugle de différents régimes qui se sont succédé de 1965 à 2018. Depuis quelques semaines, voire quelques mois, en effet, le parti présidentiel sombre dans une crise fratricide caractérisée par des attaques de positionnement entre des cadres via les réseaux sociaux et, pire, en instrumentalisant les combattants, surtout les jeunes. En 2020, alors que le régime UDPS n’était pas encore bien assis et était menacé de l’intérieur par le partenaire FCC majoritaire dans les institutions parlementaires, dans la territoriale et le portefeuille de l’Etat, une crise presque similaire avait vu le jour au sein de cette formation politique dont le capitaine du navire n’était autre que Jean Marc Kabund. Il a fallu que le Haut-Représentant et Envoyé spécial du Chef de l’Etat, feu Kitenge Yesu s’interpose pour que le feu s’éteigne.
Mais, si dans le contexte politique actuel, le président peut se frotter les mains pour sa majorité avec l’Union sacrée de la nation, il n’en reste pas moins vrai que celle-ci étant une majorité de coalition, elle n’est pas immuable. Ses adversaires politiques, des « katumbistes » aux « kabilistes », en passant par les « fayulistes » et tous les autres « opposants » de la Société civile , n’ont pas encore dit leur dernier mot. Ils sont là et guettent sans doute la moindre fissure. Plus, le contexte sécuritaire caractérisé par l’agression du Rwanda et aujourd’hui aussi de l’Ouganda, appuyés par les puissances du monde trop bien connues aurait commandé dans le chef de l’UDPS, de la base à la tête, une plus grande mobilisation autour du Chef pour faire face à ce défi. Comment l’élite du parti présidentielle ne peut pas comprendre tous ces enjeux?
C’est pour toutes ces raisons sans doute qu’un autre patriarche, à l’instar de feu Kitenge Yesu, le sénateur Jonas Mukamba,(candidat à la présidence du Bureau définitif de la Chambre haute) a décidé d’offrir ses bons offices à sa manière, en prodiguant des conseils aux uns et aux autres sur la place publique, via la presse. Dans les lignes qui suivent, Gâchette d’Afrique publie in extenso le message que l’ancien gouverneur sous Mobutu de l’ex-Equateur, a adressé ce jeudi 11 juillet 2024 aux cadres du parti présidentiel, par presse interposée, et que les proches du patriarche ont fait parvenir à notre rédaction
Très chers amis de la Presse,
En ma qualité de Patriarche de la Nation et l’un des piliers du Pouvoir du Président Felix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, je me permets, à travers vous et vu toute la gravité du moment, d’adresser ce message à l’ensemble des militants de l’UDPS, mais plus particulièrement aux Responsables qui ont la Charge de diriger ce Parti devenu depuis un Patrimoine National. Bien plus encore, le Parti Présidentiel depuis le 24 Janvier 2019, certainement le plus grand jour de toute l’histoire de ce parti, jour qui a donné sens à la vision des pères fondateurs laquelle vision leur a valu, tortures, relégations, clandestinité, etc… ce seul jour a justifié parfois la longue lutte contre les trois dictatures qui se sont succédées, coûtant ainsi à plusieurs qui avaient cru au combat la perte de leur travail, l’exil, amputation des certains membres de leurs corps et d’innombrables d’autres personnes en ont payé de leurs vies, par assassinat, meurtres, empoisonnement et la dernière épreuve la plus lourde et mémorable date de la nuit du 19 Septembre 2016 qui a
vu l’ensemble du siège être cruellement incendié avec plusieurs dizaines des militants qui ce jour-là, leur seul tort était celui d’avoir cru au Combat de l’Etat de Droit mené par Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA d’heureuse mémoire. Le 24 Janvier 2019, date historique d’accession de l’UDPS au Pouvoir d’Etat a été le couronnement d’une lutte des « rêveurs » dont le slogan était Tenez Bon l’UDPS Vaincra ; avec ce jour, l’UDPS en harmonie avec tous les principes des Sciences Politiques venait de gagner le Pari de la conquête du Pouvoir avec l’espoir de l’avènement d’un Congo nouveau grâce à cette passation du Pouvoir car beaucoup de Congolais dont moi-même n’attendaient que ça tel un agenda de vie.
Très Chers amis de la Presse, à côté de la conquête du pouvoir vient toujours la rude épreuve de sa conservation le plus longtemps possible, dont les exigences et les pratiques sont souvent différentes de celles de l’accession. Je peux affirmer que les efforts à fournir pour garder longtemps le pouvoir demandent beaucoup plus d’intelligence et sagesse qu’il en fallait pour y accéder. Malheureusement, le spectacle désolant que nous livrent publiquement et sans gêne certains cadres de l’UDPS ces dernières semaines en s’attaquant à la Direction de leur Parti juste après la sortie du gouvernement SUMINUA met en péril la survie du Régime. Pour un Parti qui est passé d’une trentaine de Députés en 2019 à environ 175 Députés Nationaux avec sa mosaïque en 2024, plus de 15 Gouverneurs des Provinces, avec la majorité dans presque toutes les assemblées provinciales, avec plus de 60 Sénateurs, Parti auquel le Président de la République a confié la mission d’information sur l’identification de la majorité Parlementaire qui a récolté une totale réussite d’adhésion de plus 450 députés à la Majorité Parlementaire,
L’UDPS a obtenu des Mandataires Publics dans la quasi-totalité d’entreprises que nous avons, les membres du Parti recommandés dans différents cabinets politiques, avec une Première Ministre, cheffe du Gouvernement et un Président de la République tous venus de vos rangs , contrairement au tableau de 2019, cette croissance miraculeuse en Politique devrait pousser à la sagesse et aucun mécontentement ne saurait effacer cet exploit que vous avez réalisé et qui vous crée des jaloux même au sein de l’Union Sacrée de la Nation.
Quant à moi, je note que l’UDPS étant la principale force ayant conduit le Président de la République au pouvoir et première force au sein de la coalition gouvernementale et parlementaire, doit garder en tête que sa déstabilisation comme on l’exécute déjà maintenant aura pour conséquence l’éclatement de l’Union Sacrée de la Nation et la fragilisation du Pouvoir du Chef de l’Etat. Aussi, pour un pays en guerre, l’urgence ne devrait pas être l’implosion du Parti Présidentiel mais plutôt s’occuper de la mobilisation de nos populations sur l’insécurité qui sévit maintenant à l’EST de notre pays, tout comme pour le vivre ensemble et l’amélioration des conditions sociales de nos populations et non se battre pour des raisons de positionnements personnels qui feront de notre chef de l’Etat la seule victime à moyen terme.
Mes dames et messieurs les journalistes, mon histoire personnelle est quelque peu liée à l’UDPS et à celle de Etienne TSHISEKEDI pour qui j’ai pris des risques énormes à même de me couter la vie dès le début de notre carrière politique ,et, partant de mes 69 ans de carrière politique ininterrompue et Patriarche de la Nation je me vois en droit non seulement de lever le ton devant les situations qui vont mal, mais aussi et surtout de demander dès ce jour, aux cadres de l’UDPS de cesser toutes attaques internes mises sur la place publique, de se comporter en véritables membres mûrs d’un grand Parti car le déchirement interne est le seul de coup de marteau auquel ne survit aucun régime . Qu’ils n’oublient pas que le pouvoir politique est comme le feu, il réchauffe mais quand on s’y approche trop, il brûle. On gère le pouvoir avec le cerveau et non avec le cœur.
En politique, c’est le leader qui conduit la masse et non le contraire.
Enfin, je solliciterais de la Haute Autorité du Parti, l’amabilité de pouvoir sonner la fin de cette malheureuse recréation de son Parti car c’est Son image en premier qui en sort ternie, sans parler de celle de l’Union Sacrée de la Nation et de tout le peuple congolais qui croit en sa vision.
Je vous remercie
Honorable Sénateur Patriarche Jonas MUKAMBA KADIATA NZEMBA
Gaf