Mbuji-Mayi : vol et sabotage de matériaux sur le pont Lubi, près d’une semaine après sa réouverture

(Par HMK)

« Muloji wa dilowa ». Cette expression luba puisée dans le fond de la sagesse ancestrale de ce peuple du centre de la RDC peut se traduire littéralement dans la langue de Molière comme « Quelqu’un qui est lui-même l’auteur de ses propres malheurs » ou « Un sorcier qui se jette lui-même le mauvais sort ». Ce vieil adage que nous rappelaient, pendant notre enfance, nos parents et grands-parents pour signifier que très souvent, on est responsable de ses échecs, peut être appliqué dans ce qui arrive aujourd’hui au pont Lubi, au Kasaï-Oriental.

Rouvert au trafic pour les véhicules de gros tonnage pas plus tard qu’en début de la semaine qui s’achève après sa réhabilitation, cet ouvrage a vite fait l’objet d’actes d’incivisme de la part de certains fils égarés. En effet, selon Radio Okapi captée dimanche à Kinshasa, citant le directeur provincial de l’Office des routes (OR), des actes de vol et de sabotage de ce pont ont été constatés samedi 17 août 2024. Certaines vis et plusieurs boulons du pont ont été enlevés et emportés par des inconnus, a déploré, sur la radio onusienne, le responsable local de l’Office des routes.

Un acte de pure sorcellerie, ont commenté pour leur part quelques personnalités du Grand-Kasaï contactées ce même dimanche par la rédaction de Gâchette d’Afrique.

Selon toujours la même source, une  équipe d’ingénieurs de l’OR a été dépêchée sur place en urgence avec pour mission, notamment, de revisser les parties fragilisées et  renforcer l’infrastructure. Arrivé sur place avec sa délégation, le chef d’équipe, l’ingénieur Malachie Kwete, a confirmé qu’il s’agissait bien d’un acte de sabotage après avoir inspecté tout l’ouvrage. «C’est avec grande consternation, nous avons constaté qu’il y a certains de nos compatriotes qui se comportent d’une manière honteuse. Nous avons trouvé qu’il y a eu vol de quelques éléments sur le pont. C’est un acte de sabotage réprimable», a regretté cet ingénieur, s’exprimant lui aussi sur le même média.

«C’est un grand travail qui nécessite un financement et l’achat du carburant, car  il faut souder le pont entier, il  faut souder partout.  C’est des travaux qui vont prendre 4 jours pour sécuriser l’ouvrage», a expliqué le technicien de l’Office des routes.

Rappelons que le pont Lubi sur la rivière qui porte le même nom est situé dans le territoire de Kabeya Kamuanga, dans la province du Kasaï-Oriental. C’est un ouvrage d’intérêt national sur la nationale numéro 1 qui relie les deux principales villes des provinces sœurs du Kasaï-Oriental et du Kasaï Central, Mbuji-Mayi et Kananga. Ce pont s’était effondré le 24 mai dernier. Sous l’action du gouvernement national, des travaux de réhabilitation ont été exécutés avec diligence par l’Office des routes. En moins de deux mois, un autre ouvrage d’une capacité de 45 tonnes a vu le jour le 9 juillet 2024 et a été ouvert à la circulation des véhicules de grand tonnage le 12 août dernier. A la satisfaction des opérateurs économiques de l’espace du Grand Kasaï.

L’acte d’incivisme sur le pont Lubi, au Kasaï-Oriental n’est pas isolé. A travers le pays, nombre d’ouvrages et autres biens publics sont sabotés ou volés par des mauvais citoyens. Il y a donc, nécessité que  les dirigeants, nationaux, provinciaux et locaux, prennent leurs responsabilités pour faire respecter les biens communs et communautaires.

De son vivant, parlant du civisme politique d’alors, même si c’était dans un contexte du Part-Etat, l’artiste musicien Luambo Makiadi Franco avait chanté « Ba ndoki basili te », qui veut dire littéralement, « les sorciers sont encore parmi nous ».

Quarante plus tard, des « sorciers » de la République sont encore actifs et ne ratent aucune occasion pour tirer la République vers le bas.

 

 

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