En prélude au conclave, la messe pour l’élection du Souverain pontife a été présidée ce mercredi 7 mai dans la basilique Saint-Pierre, par le cardinal doyen Giovanni Battista Re et concélébrée par les 133 électeurs. Rappelant dans son homélie que chaque Pape continue d’incarner Pierre et sa mission, le doyen du Collège cardinalice a souligné que l’élection du nouveau Pape n’est pas une simple succession de personnes, «mais c’est toujours l’Apôtre Pierre qui revient».
(Par Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican)
A la lumière des disciples qui, après l’Ascension du Christ au ciel et dans l’attente de la Pentecôte, étaient assidus à la prière avec Marie, la Mère de Jésus, les cardinaux, électeurs et non-électeurs, tous, concélébrants, dans une liturgie ouverte à tout le peuple de Dieu «uni à nous, avec sa foi, son amour pour le Pape et son attente confiante», se sont réunis peu avant le début du Conclave, sous le regard de la Vierge Marie placée à côté de l’autel, en cette basilique vaticane qui s’élève sur la tombe de l’apôtre Pierre.
Le cardinal Giovanni Battista Re a rappelé, tout au début de son homélie, la grande importance que revêt cette messe Pro Eligendo Romano Pontefice: «Nous sommes ici pour invoquer l’aide de l’Esprit-Saint, pour implorer sa lumière et sa force afin que soit élu le Pape dont l’Église et l’humanité ont besoin en ce tournant si difficile et si complexe de l’histoire». Alors que le monde d’aujourd’hui attend beaucoup de l’Église pour la sauvegarde de ces valeurs fondamentales, humaines et spirituelles, sans lesquelles la coexistence humaine ne pourra s’améliorer ni porter du bien aux générations futures, le doyen du Collège des cardinaux a prié «pour que Dieu accorde à l’Église le Pape qui saura le mieux réveiller les consciences de tous ainsi que les énergies morales et spirituelles dans la société actuelle, caractérisée par de grands progrès technologiques mais qui tend à oublier Dieu».
Avoir dans l’esprit et dans le cœur le Seigneur et le bien de l’Église
Prier, en invoquant l’Esprit-Saint, «est la seule attitude juste qui convienne», a souligné le cardinal Re, alors que les cardinaux-électeurs se préparent à un acte de la plus haute responsabilité humaine et ecclésiale, et à un choix d’une importance exceptionnelle; «un acte humain pour lequel toute considération personnelle doit être abandonnée, en n’ayant que le Dieu de Jésus-Christ et le bien de l’Église et de l’humanité dans l’esprit et dans le cœur».
Dans l’Évangile qui a été proclamé, a évoqué le doyen du Collège cardinalice, résonnent des paroles qui nous conduisent au cœur du message suprême, le testament de Jésus, remis à ses apôtres le soir de la Cène au Cénacle: celui de l’amour. Afin de préciser ce «comme je vous ai aimés» et indiquer jusqu’où doit aller notre amour, Jésus ajoute: «Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime» (Jn 15, 13), a indiqué le cardinal Re, précisant qu’il s’agit du message d’amour que Jésus définit comme un “nouveau” commandement. Nouveau parce qu’il transforme en positif et élargit considérablement l’avertissement de l’Ancien Testament qui disait: «Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse», a-t-il expliqué.
Seul l’amour peut changer le monde
En effet, a renchéri le cardinal italien, l’amour que Jésus révèle ne connaît pas de limites et doit caractériser les pensées et l’action de tous ses disciples qui doivent toujours, dans leur comportement, manifester un amour authentique et s’engager à construire une nouvelle civilisation, celle que Paul VI a appelée “civilisation de l’amour”. Car, «l’amour est la seule force capable de changer le monde», a fait savoir le cardinal Re.
Jésus nous a donné l’exemple de cet amour au début de la dernière Cène par un geste surprenant: «Il s’est abaissé au service des autres, lavant les pieds des apôtres, sans discrimination, n’excluant pas Judas qui allait le trahir», a-t-il laissé entendre. Un message de Jésus qui fait écho aux profondes paroles du prophète Isaïe, entendues dans la première lecture de la messe pour l’élection du Souverain pontife, qui rappellent que la qualité fondamentale des pasteurs est «l’amour jusqu’au don total de soi». Et c’est à cela que nous invitent les textes liturgiques de cette célébration eucharistique: «à l’amour fraternel, à l’aide mutuelle et à l’engagement en faveur de la communion ecclésiale et de la fraternité humaine universelle».
Chaque Pape continue d’incarner Pierre et sa mission
Parmi les tâches de chaque successeur de Pierre, a expliqué le doyen du Collège des cardinaux, il y a celle de faire grandir la communion: «communion de tous les chrétiens avec le Christ; communion des évêques avec le Pape; communion des évêques entre eux». Il ne s’agit pas d’une communion autoréférentielle, mais tendue vers la communion entre les personnes, les peuples et les cultures, «soucieuse que l’Église soit toujours “maison et école de communion”».
L’appel est donc fort à maintenir l’unité de l’Église dans la voie tracée par le Christ aux Apôtres, a martelé le cardinal Re, précisant que l’unité de l’Église est voulue par le Christ, «une unité qui ne signifie pas uniformité, mais une communion solide et profonde dans la diversité, à condition de rester dans la pleine fidélité à l’Évangile». Et chaque Pape continue d’incarner Pierre et sa mission, et représente ainsi le Christ sur terre, le roc sur lequel l’Église est édifiée (cf. Mt 16, 18). L’élection du nouveau Pape n’est donc pas une simple succession de personnes, «mais c’est toujours l’Apôtre Pierre qui revient».
Prier pour que l’Esprit Saint nous donne un Pape selon le cœur de Dieu
A partir de ce mercredi après-midi, les 133 cardinaux-électeurs exprimeront leur vote dans la Chapelle Sixtine où, comme le dit la Constitution apostolique Universi dominici gregis, «tout concourt à nourrir la conscience de la présence de Dieu, devant lequel chacun devra un jour se présenter pour être jugé». Dans le Triptyque romain, a évoqué le cardinal Re, le Pape Jean-Paul II souhaitait que, au moment de la grande décision à travers le vote, l’image imposante de Jésus Juge rappelle à chacun la grandeur de la responsabilité de remettre les “clés suprêmes” (Dante) entre de bonnes mains.
Cela dit, le cardinal Re a invité tout le peuple de Dieu à prier pour que l’Esprit Saint, «qui nous a donné au cours des cent dernières années une série de Pontifes vraiment saints et grands, nous donne un nouveau Pape selon le cœur de Dieu, pour le bien de l’Église et de l’humanité».
«Prions pour que Dieu accorde à l’Église le Pape qui saura le mieux réveiller les consciences de tous ainsi que les énergies morales et spirituelles dans la société actuelle, caractérisée par de grands progrès technologiques mais qui tend à oublier Dieu», a conclu le doyen du Collège cardinalice. Il prie également la bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église, afin qu’elle intervienne par sa maternelle intercession, pour que l’Esprit-Saint éclaire l’esprit des cardinaux électeurs et les rende unanimes dans l’élection du Pape dont notre temps a besoin.